Quel genre d’apiculteur voulez-vous êtres ? ou, quelle genre d’apiculture voulez-vous vivre ?

Si une telle ruche vous attire, c´est déjà, je crois, que vous n’êtes pas trop enclins à un productivisme industriel.

Vous pensez hobby, à une apiculture pour le plaisir, une apiculture pour la responsabilité environnementale ou bien, vous êtes apiculteur professionnel et vous pensez qu´il faut séparer la production de miel de la production d´essaims et que pour cette dernière une partie de votre cheptel en sélection naturelle apportera peut-être une réponse au problème de l’affaiblissement génétique dû aux accouplements contrôlés, aux manipulations génétiques et plein d´autres facteurs…

Cette ruche n(élimine pas la possibilité de récolter un peu de miel, mais ce n’est pas une obligation non plus, elle peut très bien être utilisée comme un nichoir passif et être là pour le plaisir de regarder les abeilles voler dans la lumière et butiner dans votre verger ou votre potager ou simplement pour le plaisir de les observer et de vous émerveiller.

Vous trouverez dans « Une ruche respectueuse des abeilles: La ruche Warré » de David Heaf aux éditions du Terran, une classification des apiculteurs en fonction de leur attitude de base concernant l´éthique et l´apiculture.

David Heaf nous présente 4 types d’Apiculteur :

  • Le Dominateur. Celui-ci vise l’utilité et le profit maximum. Pour cela il n’hésitera pas à utiliser pour cela tous les moyens, entre autres la manipulation génétique des reines par exemple, le blocage de l’essaimage, des intrusions aussi fréquentes que nécessaire pour maintenir ses ruches entièrement sous contrôle, agrandissement par le haut… etc.
  • L’Intendant. Celui-ci a une attitude également anthropocentrique. « Il refuse de nuire à l’intégrité de la nature mais il la domestique volontiers dans certaines limites ». « La durabilité économique est une puissante influence pour déterminer leurs méthodes d’levage.
  • Le Partenaire. Celui-ci considère les animaux comme des alliés potentiels. Il conçoit la nature comme une interaction de formes de vie, dans laquelle chacun investit sa propre expressivité. Il met l’accent sur le respect de la nature vivante. Il limitera ses interventions intrusives et favorisera la création d’essaim par le processus d’essaimage.
  • Le Participant. Celui-ci considère que l’homme est partie intégrante de la nature où toutes les formes de vie sont interdépendantes et entremêlées. Il procure d’abord aux abeilles un habitat qui leur est approprié et respecte leur évolution naturelle. Son attitude a été mise en relation avec une apiculture biodynamique. Le rapprochement n’est qu’approximatif.

Personnellement, je préfère les critères de classification d’André Wermelinger fondateur de l’Association FreeTheBees, bien que les pratiques des Apiculteurs professionnels se situent souvent entre deux classifications.

Pour A. Wermelinger plus que sur un genre d’apiculteur, la classification repose sur les techniques d’apiculture employées en fonction des objectifs visés.

Colonies naturelles d’abeilles
Élevage proche de la nature
Apiculture extensive
Apiculture intensive

Cette classification se fait en fonction du genre, du nombre et de l’intensité des interventions de l’homme dans la vie des colonies. Ces interventions dépendent évidemment de la finalité visée par l’Apiculteur et dans une moindre mesure du genre de ruche utilisée.

  • Une colonie naturelle aura choisi un volume de 30 à 40 litres tandis que l´apiculture intensive augmente le volume de la ruche jusqu’à 168 litres
  • L’habitat de la colonie naturelle est sec, bien isolé et d´une humidité en dessous du seuil de moisissure tandis qu’en apiculture intensive l’habitat est souvent humide, peu isolé, et souffre de la condensation et des moisissures
  • La biocénose d’un habitat naturel est très variée et montre un bon équilibre symbiotique, celle de l’habitat d’apiculture intensive est réduite et très perturbée par les nombreux traitements
  • L’habitat d’une colonie naturelle n’est pas un volume variable tandis que dans l’apiculture intensive les hausses s’accumulent au-dessus du couvain
  • La bâtisse d’une colonie naturelle est fixe l’apiculture intensive utilise des cadres et des cires gaufrées
  • La colonie naturelle se reproduit par essaimage spontané en sélection naturelle tandis que l’apiculture intensive utilise le blocage de l’essaimage, la production de nuclei artificiels et l’élevage de reines en accouplement contrôlé
  • La colonie naturelle n´a pas besoin de nourrissement artificiel tandis que le pillage des ruches d’apiculture intensive sera compensé par un nourrissement au sucre d’infime qualité
  • Dans la nature les essaims se laissent de 1 à 5,5 km d´espace vital tandis que l’apiculture intensive favorise une forte densité et une promiscuité excessive
  • Une colonie naturelle n’évolue pas sous accompagnement, l’apiculture intensive est très intrusive et l’accompagnement permanent
  • L’autonomie d’une colonie naturelle est totale et l’influence de la sélection naturelle absolue, tandis que l’autonomie d’une colonie d’apiculture intensive est très faible
  • Le principal rendement d’une colonie naturelle se mesure en essaim, en pollinisation et accessoirement en miel après plusieurs années, le rendement de l’apiculture intensive se mesure en quantité de miel, reines et nuclei

et donc entre ces deux extrêmes, comme vous l’avez compris, il existe de nombreuses possibilités mais tout compromis aura ses conséquences et dans votre choix c’est ce qu’il vous faudra mesurer en fonction de vos objectifs.

Source: Photo de Rhône-Apiculture

Source: Free Digital Photo